Tout dépend des taux

Nicolette de Joncaire

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Les marchés sont tributaires des taux. La croissance est au rendez-vous mais l'inflation reste à surveiller. Entretien avec Thomas Finke, CEO de Barings.

Barings, dans sa nouvelle forme, est le fruit de la fusion en 2016 de Babson Capital Management, Wood Creek Capital Management, Cornerstone Real Estate Advisers et Baring Asset Management. La société de gestion d'actifs est propriété de Massachusetts Mutual Life Insurance Company (MassMutual) qui avait acquis le droit, en 2005, d'utiliser le nom historique de Barings, la plus ancienne des banques d'affaires britanniques, fondée en 1762. La période de consolidation s'est achevée début 2017. Le groupe est en plein essor avec une croissance de 12% des actifs sous gestion à la fin de l'an dernier. L'Europe et la Suisse seront amenées à y jouer un rôle important. Les explications de Thomas Finke, chairman et chief executive officer de Barings.

Pourquoi avoir pris le nom de Barings?

Lorsque Babson et Barings ont fusionné, il nous fallait une marque unique pour représenter notre approche de la gestion et notre engagement vis-à-vis de nos clients. Le nom de Barings est chargé de 250 ans d'histoire et nous en sommes fiers. C'est un nom fort en Asie, connu aux Etats-Unis.

Barings a connu une forte augmentation de la masse sous gestion. L'avenir se fondera-t-il plutôt sur une croissance organique ou sur des rapprochements?

Sans aucune ambigüité sur une croissance organique. Nous serons vigilants vis-à-vis d'opportunités sur le marché mais les acquisitions ne seront pas notre objectif principal.

«La Suisse fait partie intégrante
de notre stratégie européenne.»
Comment sont réparties les activités de votre groupe aujourd'hui?

Géographiquement, les activités sont très équilibrées entre les trois grandes zones. Approximativement, un tiers aux Etats-Unis, un tiers en Asie et un tiers en Europe. L'Europe est un composant clé de notre progression et nous employons plus de 400 personnes à Londres seulement. Notre gamme de produits s'étend à tous les groupes d'actifs et au niveau global: actions, taux, rendements élevés, immobilier, private equity.

Fort dynamisme en Europe. Et en Suisse?

La Suisse fait partie intégrante de notre stratégie européenne et nous sommes présents à Genève depuis plusieurs années. Nous y gérons un montant de l'ordre de 5 milliards de dollars auprès de plus de 75 clients, investisseurs institutionnels et banques privées.

Quelle est votre vision des marchés en 2018?

Je viens du Fixed Income et l'une des principales questions que je me pose est «comment vont s'orienter les taux?». Pour qu'ils augmentent, il faut de la croissance économique et de l'inflation. Les perspectives de croissance sont bonnes mais je serais moins définitif en matière d'inflation. Nous prévoyons donc une hausse progressive dans la première moitié de l'année. Dans cet environnement nous favoriserons les actifs à rendement élevé comme les actions. Nous sommes également confiants sur les marchés émergents qui ont très bien marché l'an dernier et qui devraient continuer de performer. C'est l'une de nos convictions fortes.

Dans ce cas, favoriseriez-vous plutôt les durations courtes sur les produits de taux?

Il y a toujours de l'intérêt pour les produits à durations longues, particulièrement auprès des compagnies d'assurance. Cependant, il est exact que les durations courtes suscitent un fort intérêt chez les investisseurs.

Et l'alternatif?

Entendons-nous, l'alternatif est l'un de nos cœurs de métiers avec plus de 50 milliards de dollars investis mais Barings ne gère pas de hedge funds. Pour nous, l'alternatif consiste en immobilier commercial et en private equity sur lequel nous co-investissons avec nos partenaires. Nous nous concentrons sur les actifs réels, notamment l'infrastructure des projets énergétiques et, de manière croissante, la construction de routes ou de ponts.

«La durabilité n'est pas seulement une question d'investissement,
c'est aussi une question de comportement général.»
Quel rôle jouera la technologie dans l'investissement?

Les bouleversements technologiques transforment le comportement des consommateurs dans nombre de secteurs – commerce de détail ou transport par exemple. Il est évident que le passé ne permet plus de prévoir le futur. L'analyse de grandes masses de données offre de nouveaux éclairages sur l'investissement mais la technologie ne remplacera pas le jugement humain. Le capital intellectuel de Barings est irremplaçable, il faut savoir raisonner sans idées préconçues.

Quelle importance accordez-vous aux critères ESG?

Nous prenons en compte les critères de durabilité et nous nous assurerons que nos clients soient confortables avec leurs placements. Mais la durabilité n'est pas seulement une question d'investissement, c'est aussi une question de comportement général, une composante de ce que nous sommes et représentons comme entreprise. La diversité et le bien-être de nos employés sont des éléments essentiels de notre culture d’entreprise.

La Suisse est-elle à votre sens pionnière dans ce domaine?

Oui, avec les pays nordiques. Je note aussi que consommateurs et clients n'attendent pas que les gouvernements édictent des règles pour devenir plus exigeants en matière de placements durables. En tant qu'entreprise, nous visons à offrir des solutions qui répondent aux besoins de nos clients en ce qui a trait à une variété de facteurs, y compris l'investissement durable.