Tendance de fond

Salima Barragan

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Selon Nima Pouyan d'Invesco, ignorer les facteurs ESG est un risque d’investissement.

D’après une enquête de MSCI réalisée en 2018, des encours de 32,6 milliards de dollars pourraient être impactés par les réglementations ESG en cours d'élaboration. Ces exigences concernent autant les sociétés cotées que les gestionnaires d’actifs. Fort de ce constat, Invesco sort de nouveaux fonds indiciels ESG, car selon Nima Pouyan, responsable des ETF pour la Suisse et le Liechtenstein: «Nous ne voulons pas pénaliser les clients qui investissent sur des société conformes aux standards ESG». Entretien. 

Comment ces investissements sont-ils affectés par les réglementations en cours?

Ces investissements seront segmentés en différents standards ESG (du plus strict au moins strict), car les investisseurs ont des perceptions et des contraintes différentes. Par exemple, pour des investisseurs institutionnels qui ne peuvent s’écarter de leur benchmark, nous offrons un indice dont le «tracking error» est très bas. 

«Le nombre de professionnels de la finance ayant signé les
Principes pour l'Investissement Responsable est  en nette augmentation»
Pour quelles raisons a-t-on assisté à un pic de réglementations ESG précisément en 2018?

Il y a davantage de standards ESG descendants, c’est-à-dire émis par les CEO de sociétés d’investissement et les émetteurs indiciels. Ce processus gagne l’attention des gestionnaires d’actifs qui regardent de plus en plus les critères ESG. Pour preuve, le nombre de professionnels de la finance ayant signé les Principes pour l'Investissement Responsable pour démontrer publiquement leur engagement en la matière, est aussi en nette augmentation. La tendance est là. Et les entreprises vont devoir remplir ces critères…

Sur 170 réglementations ESG proposées en 2018, 80% concernaient les investisseurs institutionnels. Avez-vous des exemples?

Il ne s’agit pas de réglementations obligatoires, car elles dépendent des préférences individuelles des investisseurs, mais d’une tendance globale. Nous pouvons citer les critères d’exclusion comme les armes nucléaires, le tabac etc. Le «ESG Trend Momentum» est un élément d’analyse important, il mesure la tendance ESG des entreprises. A l’époque, nous regardions surtout le statu quo des sociétés, mais aujourd’hui nous nous intéressons davantage à leur évolution individuelle que nous mesurons avec le «ESG Trend Momentum Score».

«De plus en plus de critères ESG, notamment en lien
avec le changement climatique, deviendront obligatoires.»
Ces réglementations pourraient-elles devenir obligatoires?

Les exigences de la tendance globale sont en train de changer. De plus en plus de critères ESG, notamment en lien avec le changement climatique, deviendront obligatoires. Mais cela dépendra des régions, des tendances politiques comme en Europe où le contexte est favorable suite à la victoire d’un parti «vert».

Les attentes des investisseurs sont-elles en train de changer?

Les sondages ont clairement démontré que les jeunes investisseurs – les millénials – favorisent les produits qui répondent aux exigences ESG. Mais de l’autre côté, les investisseurs ne souhaitent pas payer de prime sur leurs investissements ESG. Ainsi, nous ne répercutons aucune prime contrairement aux gérants actifs.

L’offre de produit ESG a donc gagné la confiance des investisseurs «mainstream»?

Dans le passé, les investisseurs, à tort, amalgamaient les produits ESG avec de piètres performances. Avec le temps, nous avons été témoins des effets catastrophiques de certains investissements non-ESG. Aujourd’hui, nous savons que les critères ESG écartent certains risques. Aligner les entreprises avec ses critères n’est pas un «détracteur» de performance. De plus en plus de sociétés ont commencé à les remplir et à publier leurs données pour, en fin de compte, améliorer la valeur actionnariale. D’ailleurs, notre indice ESG superforme son benchmark non-ESG.