Stratégie de long terme

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Pour les caisses de pension, Renaissance privilégie les PME au modèle éprouvé. Entretien avec Christian Waldvogel.

La vocation des caisses de pension est d’assurer le versement des retraites de ses adhérents. Si, au-delà de cette mission de base, les institutions de prévoyance suisses peuvent aussi contribuer au développement du tissu économique du pays, c’est un bénéfice supplémentaire envers lequel la société Renaissance Fondation & Management entend bien jouer un rôle. Unique fondation de placement permettant aux caisses de pension d’investir dans des PME suisses non cotées, Renaissance s’engage au capital d’entreprises de taille modeste dont le modèle est éprouvé. Entretien avec Christian Waldvogel, directeur associé.

Qui sont vos clients?

Exclusivement des caisses de pension; privées, publiques et semi-publiques. Une bonne quarantaine au moins, pour moitié romandes et pour moitié alémaniques. Historiquement, et parce que Renaissance est née en Suisse romande, notre clientèle se situait plutôt dans le bassin lémanique mais nous rencontrons aujourd’hui un vif succès outre-Sarine et plus de 50% des nouvelles souscriptions viennent de caisses suisses allemandes.  

Est-ce parce que vous êtes unique en votre genre?

Nous sommes effectivement la seule fondation de placement dédiée à l’investissement dans les PME suisses.

Renaissance a investi plus de 400 millions de francs
dans quarante PME depuis le début.
Quel type d’investissement consentez-vous?

Nous nous engageons de façon majoritaire au capital de sociétés dont le chiffre d’affaires est de l’ordre de 20 à 100 millions de francs et dont le modèle économique est prouvé. Ce sont des investissements dont les montants se situent entre 10 et 80 millions dans des entreprises profitables et durables car notre vocation est d’assurer la rentabilité sur le long terme; même si l’un des objectifs de départ de Renaissance, lors de sa création en 1997, était aussi d’investir dans le capital risque. Le nombre de positions que nous prenons est limité, une dizaine seulement en ce moment, pour un montant total de l’ordre de 250 millions. En tout, Renaissance a investi plus de 400 millions de francs dans quarante PME depuis le début.

Pas de capital-risque donc.

Non. Nous en sommes sortis en 2003, car les sociétés plus matures non ont permis de générer de bien meilleurs rendements pour nos investisseurs. Nous ne nous positionnons pas non plus sur les restructurations.

Dans quelles circonstances entrez-vous au capital d’une entreprise?

Dans deux cas principalement. Dans le cadre de successions ou dans celui de rachats industriels de scissions d’activités (spin-offs ou carve-outs). Le premier cas correspond généralement à celui d’entreprises familiales sans héritiers (ou sans héritiers prêts à reprendre l’affaire). Le second cas concerne plus généralement des opérations de scissions d’activités annexes à celles d’une maison-mère, désireuse de se concentrer sur son cœur de métier. La reprise peut aussi être imputable à des cultures peu compatibles.

Combien de temps conservez-vous les titres en moyenne?

Classiquement, nous conservons les placements en portefeuille pour une durée de 10 à 12 ans mais, en raison d’une évolution récente du marché - les caisses de pension désirant aujourd’hui des dividendes récurrents -, nous cherchons à générer du revenu plutôt que de la plus-value en conservant les titres dans notre fonds Evergreen dont la durée de détention est illimitée.

Renaissance a développé avec l’Université de Zurich un logiciel qui permet
une évaluation multi-paramètres de la notation ESG des entreprises.
Est-ce perçu favorablement par les entreprises à reprendre?

Très favorablement. Nous avons ainsi pu conclure des accords avec des PME qui auparavant ne seraient pas entrées en matière car elles recherchaient un repreneur stable pour le très long terme.

Comment gérez-vous les risques attachés à ce type d’investissement?

Par une due diligence approfondie adaptée à chaque cas. Nous étudions bien évidemment le track record de distribution de dividendes de chaque entreprise mais aussi la durabilité de son industrie et de ses produits. Notre équipe est composée d’ingénieurs et, à chaque achat, nous engageons des spécialistes indépendants, au bénéfice d’une double formation industrielle et entrepreneuriale, qui siègeront au conseil d’administration de l’entreprise pour représenter nos intérêts.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de transactions?

En partenariat avec l’équipe de direction et en règlement d’une succession, Renaissance a pris une participation majoritaire en 2013 dans Asic Robotics AG, fournisseur de systèmes d’automatisation pour l’automobile, l’électrotechnique, le médical et l’industrie horlogère. En 2015, et dans des circonstances similaires, nous avons pris une participation majoritaire au capital de Bandi SA, fabricant de composants de précision dans le domaine du décolletage pour marques horlogères. Plus récemment, en 2018, nous sommes entrés au capital de Condis SA lors de la cession de la filiale suisse par le groupe américain Maxwell Technologies. Condis SA est l’un des premiers fournisseurs de condensateurs pour les réseaux à moyenne et haute tension sur les marchés internationaux. Notre aventure la plus récente, en 2019, est la reprise de Roxer SA, spécialisée dans le contrôle d’étanchéité et du montage horloger. La directrice et propriétaire de l’entreprise a gardé une participation dans la société et en est devenue l’administratrice déléguée. Vous noterez dans toutes ces transactions combien l’aval de l’équipe en place est important à nos yeux.

Quelle est votre politique en matière d’ESG?

Renaissance a développé conjointement avec l’Université de Zurich un logiciel sur mesure qui permet une évaluation multi-paramètres de la notation ESG des entreprises. Cet outil permet de délivrer des résultats pragmatiques pour chaque PME suisse investie par la Fondation.