Portefeuille de crédits participatifs

Nicolette de Joncaire

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Smart Lenders investit sur des prêts à la consommation et aux petites entreprises via des plates-formes digitales.

Erich Bonnet, fondateur et Président de Smart Lenders AM.

Au croisement de deux tendances maîtresses – la désintermédiation bancaire et la digitalisation financière -, la société de gestion française Smart Lenders AM propose une SICAV SIF luxembourgeoise investie dans des prêts en ligne contractés par le biais de plateformes de crowdlending. Des partenariats avec les plateformes les plus fiables – essentiellement aux Etats-Unis - et une technologie développée en interne lui permettent cibler les meilleurs emprunteurs tant parmi les particuliers que parmi les très petites entreprises (TPE) et les PME. Bilan aujourd’hui? Plus de 500 millions de dollars prêtés depuis le lancement à travers 50'000 crédits et un encours actuel de 170 millions. Prochaines étapes? Focus sur l’Europe et la Suisse. Entretien avec le fondateur et Président de la société Erich Bonnet.

Quels sont les caractéristiques et les avantages de cette classe d’actifs?

Le profil en est relativement simple. Ce sont des crédits à la consommation ou aux petites entreprises, sans collatéraux, dont la qualité est vérifiée par les plateformes de prêts participatifs. Ce sont donc les plateformes qui, se substituant à la fonction traditionnellement assumée par les banques, assurent l’appréciation de la qualité du crédit, l’exécution des transactions et le service de la dette. Notre outil va, en fonction des caractéristiques réunies par ces plateformes, sélectionner les emprunteurs et apporter un filtre supplémentaire de sélection. Du point de vue du prêteur (et donc de l’investisseur), ces prêts sont amortissables et offrent un flux de liquidité constant, un bon ratio rendement/risque et une duration courte de l’ordre de 13 mois pour l’ensemble du portefeuille de la SICAV. La corrélation aux autres classes d’actifs est faible et la volatilité inférieure à celle des marchés financiers. Les rendements sont stables, de l’ordre de 6% net par an en dollars pour les investisseurs et autour de 3% en euros ou en francs suisses (en fonction du coût de la couverture de change). 

«La qualité du crédit des petites entreprises
demande davantage d’attention.»
Quelles différences majeures entre prêts aux consommateurs et prêts aux entreprises?

Le marché est très granulaire dans les deux cas mais plus encore pour les ménages. Les crédits aux particuliers sont de l’ordre de 10'000 dollars alors que ceux aux entreprises sont en général dix fois plus importants. Toutefois, la qualité du crédit des petites entreprises demande davantage d’attention car l’information est très hétérogène, les données n’étant pas les mêmes selon qu’il s’agisse d’un cabinet dentaire, d’une pompe à essence ou d’une supérette. C’est la raison pour laquelle notre équipe de crédit apporte un traitement qualitatif, en complément des outils automatisés dont nous usons en première instance. 

Pourquoi l’engouement pour les prêts participatifs?

Leurs coûts de production et de gestion aux travers des plateformes sont très inférieurs à ceux du système bancaire classique : pas de nécessité de nourrir des fonds propres ni d’entretenir un réseau d’agences. Aux Etats-Unis (qui est le marché sur lequel nous empruntons), le montant des prêts participatifs a explosé sur les dix dernières années (plus de USD 35bn en 2018). Cela donne accès aux investisseurs à une classe d’actifs qui ne leur était auparavant pas accessible sauf au travers de structurations coûteuses (titrisation).

«Dans un cas de récession «normale»,
la VNI du portefeuille ne devrait pas se détériorer de plus de 1 à 2%.»
L’économie américaine se porte bien pour l’instant mais quels sont les risques en cas de retournement du cycle économique?

Aucun crédit ne représente plus de 0,2% du portefeuille. De plus, comme je l’évoquais plus tôt, les prêts sont amortissables donc le problème du refinancement ne se pose pas pour les emprunteurs. Enfin, la duration du portefeuille est courte ce qui réduirait sensiblement l’impact des défauts sur la performance de la SICAV. Si le risque de défaut augmente avec les phases de récession, il faut toutefois noter que le ratio dette/actifs des ménages américains n’a jamais été aussi faible depuis les années 1990. Il en est de même du rapport entre dette et revenu disponible. D’après nos scénarios de stress, dans un cas de récession «normale», la VNI du portefeuille ne devrait pas se détériorer de plus de 1 à 2%, largement compensés par des rendements confortables du portefeuille. 

A quel type d’investisseurs est destiné votre produit?

Notre produit actuel est une SICAV luxembourgeoise, destinée à des investisseurs professionnels donc des institutionnels de type fonds de retraite ou compagnies d’assurance et des family office ou gérants privés. Notez que 40% des encours actuels sont détenus en Suisse. Dans un contexte de taux négatifs le placement dans la SICAV est une bonne alternative.

Quelles sont les prochaines étapes?

Notre objectif est de porter les encours de notre SICAV à 200-250 millions de dollars en fin d'année. Nous comptons aussi lancer un nouveau fonds de prêts aux PME européennes et nous intéressons, entre autres, à la Suisse, un marché de taille modeste et où les taux d’intérêt sont faibles mais où les défauts sont très bas. En France, pour des taux d’intérêt du même ordre, les défauts sont très supérieurs.