Plaidoyer pour la collégialité

Nicolette de Joncaire

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«Un collectif apporte davantage de compétences et de capacité d’investissement», estime Steve Métrallet de Bonhôte Fund Solutions.

© Salva Magaz

Depuis bientôt trois ans Bonhôte Fund Solutions a entrepris un travail collégial pour identifier et sélectionner des opportunités d’investissement et des solutions sur mesure destinées à répondre aux besoins exprimés par le cercle de sociétés d’investissement qui se sont jointes à l’initiative de Bonhôte et de  Bordier FinLab. Le responsable de la plateforme, Steve Métrallet, nous en explique le fonctionnement.

Sur quel principe la plateforme est-elle établie?

Sur la simple constatation qu’un collectif apporte plus de compétences et de capacité d’investissement qu’une seule institution.  En l’espèce, ce ne sont pas des analystes qui se retrouvent autour d’une table mais des décideurs. Chaque membre du pool a le pouvoir de transformer rapidement son engagement en investissement. Cette culture du partage est particulièrement bien venue au moment où la gestion active est menacée par la gestion passive. Elle concentre un flux d’idées, d’expériences et de talents et permet de réduire les coûts de recherche et la marge d’erreur. Elle permet aussi de mobiliser des capitaux suffisants pour avoir accès à des opportunités qui ne seraient pas accessibles à chaque institution individuellement, en particulier de recueillir suffisamment de fonds pour permettre à une stratégie jugée porteuse d’atteindre la taille critique. Elle permet aussi d’avoir un interlocuteur unique avec une certaine puissance de tir en face des tiers pour optimiser la structuration ou négocier prix et conditions ce qui évite de disperser les forces.

La dynamique est excellente: nous accueillons
quatre nouveaux venus ce mois-ci.
Quelle est la taille de ce cercle d’investisseurs? Outre Bonhôte et Bordier, quels en sont les membres?

Une quinzaine de sociétés se sont jointes à la plateforme. Je n’en citerai ici que quelques-unes: De Planification, Vector Gestion, Pentagram ou Alias Partners.  La dynamique est excellente: nous accueillons quatre nouveaux venus ce mois-ci. Collectivement, les partenaires de la plateforme gèrent près de 45 milliards de francs. Dont aujourd’hui plus de 350 millions sont investis auprès d’une dizaine de gérants.

Quels exemples de stratégies pouvez-vous commenter?

La menace pour les secteurs de la santé représentée par la candidate Hillary Clinton au moment des élections américaines de 2016, avait provoqué une forte décote des titres correspondants. Premier «seed»  investissement de notre plateforme, la stratégie biotech de Sectoral menée par d’anciens gérants de Pictet, s’est montrée particulièrement performante.

Nous nous sommes également tournés vers DoubleLine, l’un des grands succès de l’asset management US des dix dernières années. Fondée par le «roi» de l’obligataire Jeffrey Gundlach en 2009, DoubleLine possède une remarquable connaissance transversale des marchés de taux qui a permis à leurs activités actuelles de croitre à 130 milliards de dollars. Nous avons ouvert un partenariat avec eux sur un produit smart beta construit sur la base du CAPE ratio mis au point par le prix Nobel d’économie Robert Shiller. Avec Capital Four, une des plus grosses boutiques indépendantes spécialisée sur le crédit européen, nous lançons un véhicule pour avoir accès à leur stratégie sur la dette privée européenne.

La plateforme s’est engagée
dans plusieurs stratégies ESG.

Très orientée vers la finance responsable, la plateforme s’est engagée dans plusieurs stratégies ESG, avec entre autres la société londonienne Alquity, sélectionnée par un des plus gros fonds de pension US pour son excellence. La philosophie d’Alquity, appliquée à tous les marchés EM est fondée l’accès à la croissance locale et domestique au travers d’un portefeuille agnostique à son benchmark. D’autres stratégies portent sur la chaîne de valeur autour de l’aquaculture (Bonafide), l’immobilier suisse au travers d’une stratégie Long/Short (MV Invest) ou encore la disruption technologique dans les small caps européennes en évitant l’approche monothématique (Pluvalca Disruptive Opportunities de la Financière Arbevel). Notez que nous ne cherchons pas à remplir toutes les cases, seulement à nous positionner sur des idées porteuses, et souvent sur des investissements de niche.

Pouvez-vous chiffrer la valeur ajoutée de la plateforme en termes de performance?

Sur une base équipondérée, les stratégies Bonhôte Fund Solutions ont dégagé plus de 10% en 2016 et près de 15% en 2017. Au milieu de l’été, elles avaient réalisé près de 2% sur l’exercice actuel.

En 2017, vous avez ouvert une antenne à Zurich. Quel en est l’objectif?

Répliquer le modèle suisse-romand outre-Sarine.