Les investisseurs sont-ils devenus plus rationnels?

Salima Barragan

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La fin de l’argent bon marché a modifié la perception, estime Ben Wallace de Janus Henderson Investors.

Le changement de cap des banques centrales a non seulement mené sur une nouvelle dynamique de marché, mais il a aussi influencé le comportement des investisseurs. Sont-ils devenus plus rationnels? « La fin d'une longue ère d’assouplissements quantitatifs, de faibles taux d'actualisation et de taux sans risque, a modifié la perception des investisseurs », répond Ben Wallace, gestionnaire de portefeuille chez Janus Henderson Investors. Entretien.

La nouvelle dynamique de marché va-t-elle perdurer?

Les données récentes sur l'inflation sont mitigées des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, après des chiffres constamment à la hausse durant 2021 et en partie sur 2022, des récente surprises négatives sur le renchérissement ouvrent la porte à ceux qui espèrent voir la Réserve fédérale américaine revenir rapidement sur sa position en matière de taux d'intérêt : le pivot de la Fed.

Après le pivot, qu’attendez-vous?

Les banques centrales et les gouvernements sont désireux de s'éloigner définitivement de l'ère des emprunts bon marché. Ils sont déterminés à éviter les taux d'intérêt négatifs ou nuls à l'avenir, même si cela conduit à une croissance plus faible, voire à des récessions potentielles. Les pressions sur les prix devraient s'atténuer à mesure que l'année 2023 avance, tandis que le risque d'une spirale salaires-prix semble avoir été évité. Néanmoins, l'inflation devrait s'établir à des niveaux plus élevés que ceux auxquels nous nous sommes habitués au cours de la dernière décennie.

Comment naviguer lors des changements de régime?

Dans cet environnement moins conciliant, les produits alternatifs offrent une réponse rationnelle pour l’investisseur en quête d’un portefeuille résilient lorsque ces derniers visent à reproduire, - ou du moins à atteindre -, des niveaux de rendement proches de ceux des actions, mais sans prendre les risques associés. Ces solutions sont utilisées comme substitut au rôle traditionnellement joué par les produits d'actions à long terme. Cette stratégie semble logique, compte tenu de la volatilité liée aux évènements de marché et aux corrections boursières récentes. Lors de certaines périodes de changement de régime, les actifs alternatifs ont aussi remplacé les titres à revenu fixe.

Quelles sont les stratégies alternatives à favoriser actuellement?

Nous avons constaté une amélioration des opportunités pour les sélectionneurs d'actions au cours des derniers mois. En particulier pour les investisseurs long/short qui peuvent bénéficier à la fois des entreprises capables de monter avec la marée, et de celles qui coulent avec elle. La dispersion des titres est beaucoup plus élevée que ce que nous avons connu au cours de la majeure partie de la dernière décennie, favorisant ces stratégies.

Avez-vous constaté une augmentation de l’allocation dans la classe d’actifs?

Oui, les investisseurs allouent une plus grande part de leur portefeuille aux produits alternatifs en tant que classe d'actifs à part entière. La tendance de les utiliser en tant qu’amortisseurs contre les chocs de marché s'accélère, car ces produits ont démontré leur capacité d’atténuer la volatilité en cas de pandémies, de récessions, de référendums et d'élections à partir d’allocation de 10% selon des analyses que nous avons effectuées.

Ces produits ne sont-ils pas destinés à une certaine typologie de clients?

Les barrières à l'entrée concernant les capitaux minimums à investir sont en train de tomber, rendant enfin la classe d’actifs accessible à une plus grande clientèle.

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