La qualité a son prix

Yves Hulmann

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Dénicher des entreprises de qualité et d'une valorisation raisonnable est l'objectif de Quality Growth, comme l’explique le CIO Matthew Benkendorf.

Investir dans des entreprises qui affichent une croissance stable et durable de leurs bénéfices est au cœur de l’approche pratiquée par Quality Growth. Matthew Benkendorf, directeur des investissements (CIO) chez Quality Growth, une boutique faisant partie de Vontobel Asset Management, explique les principes appliqués par la société en matière d’investissement.

Quality Growth investit dans des actions de sociétés dites de qualité. Comment définit-on la «qualité» d’une entreprise? 

Il est important de définir d’abord précisément ce concept. La plupart des gérants vous diront qu’ils n’achètent jamais de sociétés ou d’actions de mauvaise qualité. Toutefois, un grand nombre de ces entreprises ne sont que de qualité moyenne en réalité. Il n’existe qu’un segment très étroit de titres qui sont réellement de qualité.

Selon quels critères définit-on au juste ces titres? 

Le premier critère est celui de la volatilité. Une faible variance est un aspect essentiel pour savoir si l’on a affaire ou non à une société de qualité. Ce seul critère disqualifie déjà un grand nombre d’entreprises de notre univers d’investissement! 
Deuxième critère: la prévisibilité des résultats. Les activités d’une entreprise sont-elles résilientes ou non aux aléas de la conjoncture? Son modèle d’affaires résiste-t-il en cas de fortes turbulences sur les marchés ou d’événements négatifs? Beaucoup d’entreprises qui produisent des biens de consommation de base satisfont particulièrement bien à cette exigence. 

«Nous privilégions des sociétés qui affichent une croissance
très progressive et stable. Nous devenons riches lentement!»

Troisième critère: la durabilité. La prise en compte des critères de l’investissement durable aide aussi à évaluer le degré de qualité d’une entreprise et à savoir si son modèle d’affaires sera stable sur la durée. Mais quel que soit le critère choisi, l’aspect clé est que la performance d’une entreprise doit pouvoir être répétée sur la durée. Beaucoup de gens pensent qu’il est possible de s’enrichir rapidement en bourse. Ce n’est pas notre manière de travailler: nous privilégions au contraire des sociétés qui affichent une croissance très progressive et stable. Nous devenons riches lentement! C’est peut-être moins sexy mais plus lucratif sur la durée. Si investir dans des titres de qualité peut sembler simple en tant que concept, son application est, elle, plus difficile.

Pouvez-vous citer un exemple d’entreprise en Europe qui satisfait à tous ces critères? 

Dans les biens de consommation de base, Unilever correspond typiquement à un titre de qualité entrant dans notre univers d’investissement. Même si une récession survient, cela ne va empêcher cette société de continuer de croître. C’est le genre d’actions que nous recherchons. Ou alors Nestlé en Suisse.

Les titres de qualité ne sont que rarement bon marché – encore moins maintenant après neuf années de hausse de la bourse. Comment choisissez-vous votre point d’entrée?

Dans ce domaine, la première chose dont il faut se rendre compte est qu’il faut de toute façon payer pour obtenir de la qualité ! Notre approche ne consiste pas à rechercher ce qui est moins cher et encore moins cher. L’objectif est de payer un prix raisonnable pour une entreprise qui ensuite croîtra davantage que son secteur et de manière stable. Warren Buffet a souvent dit qu’il préférerait payer un prix raisonnable pour une bonne affaire plutôt que d’obtenir un très bon prix pour une mauvaise affaire. Si l’on veut acheter des titres de qualité à un prix raisonnable, il faut être avant tout attentif au timing et à la valorisation des titres. Mais rien ne sert de faire la chasse aux prix les plus bas.

«Nous sous-pondérons les titres liés au secteur de l’énergie.»
Comment se passe au final la décision d’acheter ou non un titre? 

Il y a différentes situations. Dans certains cas, on cherche à remplacer un titre du portefeuille par un autre au sein d’un même secteur. Dans d’autres situations, le but est simplement d’accroître le nombre de titres que l’on détient déjà dans son portefeuille sans payer un prix trop élevé. Toute décision d’achat ou de vente doit ici reposer sur une méthodologie extrêmement rigoureuse. Investir est comme un régime: vous avez besoin d’être très discipliné et d’agir sur la durée pour qu’un régime porte ses fruits.

Quels secteurs favorisez-vous ou évitez-vous en ce moment?

La santé, la consommation discrétionnaire et certains sociétés actives dans les technologies de l’information comptent parmi nos secteurs favoris. En revanche, nous sous-pondérons les titres liés au secteur de l’énergie. Dans ce dernier domaine, vous profitez dans un premier temps de la hausse des prix mais lorsqu’ils augmentent trop vite, cela finit par tuer la reprise. De même, nous évitons les sociétés actives dans les matériaux de base.

Qui investit typiquement dans les fonds gérés par Quality Growth et commercialisés par Vontobel?

Il y a trois catégories d’investisseurs. Les caisses de pension, les gérants de fortune ainsi que d’autres structures comme les family offices ou des véhicules destinés aux personnes ultrafortunées (HNWI). Les investisseurs privés et publics se répartissent environ à hauteur de moitié chacun.