La gestion active offre davantage de souplesse en période de crise

Yves Hulmann

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Fedor Plambeck, à la tête de Janus Henderson Investors en Suisse, observe que les placements ESG restent recherchés par les clients.

Janus Henderson Investors, qui est issu de Henderson Global Investors et de Janus Capital, dispose d’une présence de longue date en Suisse si l’on tient compte des activités des deux sociétés avant leur fusion. Henderson Global Investors (Suisse) disposait d'un bureau à Zurich depuis 2002, avant d’étendre sa présence à Genève en 2014. De son côté, Janus Capital (Suisse) avait un bureau à Zurich depuis septembre 2013. Comment les clients du gérant d’actifs ont-ils réagi depuis le début de la crise et quelles sont leurs priorités actuellement? Le point avec Fedor Plambeck, responsable pour la Suisse et le Liechtenstein chez Janus Henderson Investors.

«Un gérant actif peut réagir beaucoup plus rapidement
en fonction de l’évolution des risques qu’un gérant passif.»
Avant la crise du coronavirus, la part allouée aux produits passifs avait continuellement augmenté au cours des dernières années, notamment afin de réduire le plus possible les frais de gestion. La gestion active regagne-t-elle aujourd’hui en attrait auprès des investisseurs?

Il est certain que la gestion passive a beaucoup gagné en importance au cours des dernières années. Au-delà de la seule question de la performance, il est devenu plus que jamais important de considérer un investissement du point de vue de l’analyse des risques. Et l’évolution récente sur les marchés a précisément montré que la situation peut très vite évoluer en termes de risques. Or, un gérant actif peut réagir beaucoup plus rapidement en fonction du niveau de risques qu’un gérant passif. Si vous détenez un produit passif, tout ce que vous pouvez faire pour réduire votre niveau de risque, c’est de vendre votre fonds ou votre ETF. Avec un fonds actif, le gérant peut, lui-même, déjà prendre une série de mesures pour réduire son degré d’exposition aux risques.

Quelles sont ces mesures par exemple?

Typiquement, le gérant d’un fonds actif peut augmenter le niveau du cash au sein d’un fonds. Il dispose aussi d’une marge de manœuvre avec les dividendes: au lieu de les réinvestir tout de suite, il peut les conserver sous forme de liquidités.

Quelles solutions, produits ou classes d’actifs sont particulièrement recherchés actuellement par les investisseurs?

Cela dépend avant tout de la manière avec laquelle les clients étaient positionnés avant la crise. Les clients qui avaient, auparavant, un positionnement très agressif recherchent des solutions d’investissement qui leur permettent de réduire ces risques. A l’inverse, ceux qui étaient positionnés de manière très prudente cherchent plutôt à augmenter ce niveau de risque - les investisseurs qui avaient patiemment attendus la correction sont à nouveau davantage disposés à investir.

«La ‘tech’, sous ses différentes formes, n’a rien perdu
de son attrait auprès des investisseurs.»

Autre tendance observée: les gens qui détiennent beaucoup de liquidités sont actuellement à la recherche d’alternative au cash. Dans ce domaine, nous proposons par exemple une solution qui est presque de type «cash replacement» qui rencontre beaucoup d’intérêt. Janus Henderson Absolute Return Income est une stratégie obligataire dont l’objectif est de générer une performance ajustée du risque positive de façon régulière et dans diverses configurations de marché, afin d’optimiser le rendement des liquidités.

Par ailleurs, la «tech», sous ses différentes formes, n’a rien perdu de son attrait auprès des investisseurs. Il peut s’agir par exemple de sociétés qui proposent des systèmes de vidéo-conférence, des solutions de paiements en ligne, etc.

Les fonds thématiques sont-ils encore populaires auprès des investisseurs?

En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais particulièrement mis l’accent sur des fonds thématiques occupant des niches très pointues. Ces dernières années, on a observé une tendance consistant à proposer des fonds thématiques toujours plus spécialisés. Au lieu de fonds dédiés à la technologie, des fonds consacrés à l’intelligence artificielle, à la technologie spatiale, etc. ont par exemple été lancés. Parfois, ces fonds thématiques très pointus étaient surtout utilisés comme outils marketing pour éveiller l’intérêt des investisseurs. Le problème de telles approches est qu’il est ensuite souvent difficile de réorienter les investissements lorsque l’environnement de marché change soudainement. Par exemple, un fonds consacré au transport aérien aura actuellement beaucoup de peine à se redresser. Un fonds plus largement consacré à la mobilité peut, à l’inverse, être plus facilement réorienté. Nos fonds thématiques sont plus susceptibles de couvrir plusieurs sous-thèmes en même temps – comme nos fonds Global Property Equities, Global Technology ou Global Life Sciences.

«Les placements ESG ont su éviter plusieurs domaines
qui ont été justement très frappés par la crise récente.»
L’année 2019 avait été marquée par une très forte progression des sujets liés aux placements durables. Les investisseurs s’intéressent-ils toujours aux placements ESG lorsque les marchés plongent?

Je pense que c’est une thématique importante à long terme, qui saura traverser la crise. Du reste, récemment, les placements ESG ont su éviter plusieurs domaines qui ont été justement très frappés par la crise récente, à l’exemple du pétrole et des sociétés liées à ce secteur, du secteur minier, de l’extraction de charbon, etc. Il n'est donc pas surprenant que notre fonds Global Sustainable Equity bénéficie d'apports réguliers.

Janus Henderson vend-il uniquement des fonds ou proposez-vous aussi une activité de conseil à vos clients?

L’aspect du conseil complet - avant, pendant et après une transaction - est absolument central dans nos activités. Ce n'est pas pour rien que notre devise est «Knowledge.Shared». Aujourd’hui, les clients accordent beaucoup d’importance au fait que la stratégie proposée par un gérant de fonds soit réellement mise en œuvre. Sur des marchés volatils comme ceux que nous connaissons actuellement, le conseil est indispensable, car des opportunités d'entrée intéressantes dans les différentes classes d'actifs peuvent être trouvées pour l'investisseur orienté vers le long terme.

De quelles ressources dispose Janus Henderson Investors en Suisse?

Nous couvrons le marché suisse avec une équipe locale constituée actuellement d’une équipe de cinq personnes. Elle se répartit entre quatre employés à Zurich et une personne à Genève. De plus, le personnel de Janus Henderson Suisse peut aussi compter sur le soutien d’une équipe de support à Londres. Nous pouvons ainsi recourir à d’importantes ressources à l’intérieur du groupe. Le fait de pouvoir s’appuyer sur un tel réseau est très important car cela permet de répondre rapidement à des demandes parfois très spécifiques des clients. A Genève, par exemple, beaucoup d’acheteurs finaux de fonds de Janus Henderson ne sont pas suisses et ceux-ci peuvent avoir des questions spécifiques à leur marché d’origine qui nécessitent l’appui d’experts de bureaux tiers de Janus Henderson. 

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