IA: l’adoption la plus rapide de l’histoire

Salima Barragan

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L’audition du CEO Sam Altman d’OpenAI est un moment clé, estime Chris Gannatti de WisdomTree.

Marc Zuckerberg, Tim Cook, Sundar Pichai: tous les patrons des sociétés technologiques disruptives ont été auditionnés à un moment ou un autre par le Congrès américain. Le charismatique Sam Altman à la tête d’OpenAI (éditeur de ChatGPT) n’y a pas échappé. L’engouement de 200 millions d’utilisateurs en l’espace de 6 mois sur l’application conversationnelle reste le taux d’adoption le plus rapide de l’histoire. «L'iPhone en 2007 puis ChatGPT aujourd’hui ont changé les perspectives de l’humanité», constate Chris Gannatti de WisdomTree. La valorisation de la société de San Francisco a atteint 29 milliards de dollars US. Entretien.

En mai, le Congrès américain a auditionné le CEO d’OpenAI. Que symbolise cette audition pour l’intelligence artificielle?

C’est le sujet du moment, car Marc Zuckerberg et ses pairs ont déjà tous été auditionnés. Sam Altman a navigué avec brio dans ce sujet complexe. Il a prouvé qu’il avait toutes les qualités nécessaires: celles pour diriger une société, celles pour comprendre la technologie ainsi que celles pour la défendre devant le Congrès. OpenAI a lancé le produit idéal: une technologie polyvalente qui fait parler d’elle. La version gratuite est ludique tandis que les sociétés peuvent ajuster le modèle payant et se l’approprier à des fins commerciales.

Bing versus Google: Microsoft va-t-il battre Alphabet dans la bataille des moteurs de recherche?

Il s’agit de deux géants de la tech pesant chacun des milliers de milliards en capitalisation boursière. L’historique de Microsoft remonte aux années 1970. La société est connue pour ses softwares tandis qu’Alphabet domine l’univers des moteurs de recherche avec 91% des parts. Les deux sociétés vont se disputer le marché, car Bing pourra certainement se tailler une part respectable en tant qu'alternative compétitive.

Les gouvernements peuvent difficilement émettre des régulations sur la sécurité si l’efficacité constitue l’avantage de la technologie. Leur approche devrait rester pratique et nous en saurons davantage d’ici deux ans.

L’IA Spark d'Alphabet offre une réponse en temps réel. Le système est connecté à des données à jour, contrairement à la version gratuite de ChatGPT. Spark est aussi portée par la puissance du moteur de recherche de Google. Lors de son second essai – concluant cette fois-ci -, le cours de l'action d’Alphabet a flambé en bourse. Cela démontre clairement le lien entre l’évolution de l’IA et les capitalisations boursières.

Dans la finance, certains acteurs ont déjà adopté l’IA. Va-t-elle se généraliser au point de prendre la place de...certains spécialistes de l’investissement?

Des sociétés ont déjà conçu leurs modèles maison. Si elles détenaient des algorithmes capables de prédire les prix des actifs, elles les garderaient secrets, car leur valeur serait inestimable. Aucune évidence ne signale que la technologie remplacera complètement l’humain. L’IA est capable de digérer et synthétiser une quantité gigantesque d’analyses financières dans un temps record. Mais pour le moment, il faut encore un humain en fin de processus pour évaluer le résultat de la machine. L’industrie de la finance recherchera des collaborateurs dont les compétences permettent d’interpréter l’outil et de l’utiliser d’une manière efficiente. La gestion quantitative possède déjà des systèmes propriétaires gérant une multitude de données tournant sur des algorithmes d’IA. Ces systèmes produisent 80% du travail: un seul analyste ne peut pas intégrer des milliers de données d’un univers d’actions.

La Commission européenne réfléchit à son tour à une réglementation sur l’IA. Qu’attendez-vous?

Les discussions commencent à haut niveau, mais demeurent pragmatiques quant au bon équilibre de l’utilisation de la technologie. Les gouvernements peuvent difficilement émettre des régulations sur la sécurité si l’efficacité constitue l’avantage de la technologie. Leur approche devrait rester pratique et nous en saurons davantage d’ici deux ans.

Quelles sont les dérives que les gouvernements craignent le plus?

La désinformation demeure la menace principale. L’IA pourrait diffuser rapidement de fausses informations à grande échelle. Certaines parts de nos vies privées dépendent de la vérité. Comment va-t-on différencier le vrai du faux? Cette tache devient de plus en plus difficile avec le bombardement d’informations croissant. Ces dernières peuvent impacter des titres boursiers ou une élection. Le cadre légal est pour l’instant lacunaire. Une personne postant sur Reddit des informations fallacieuses est sanctionnable. Un algorithme devrait l’être également.

Les petites sociétés pourront-elles à leur tour pénétrer le gigantesque marché de l’IA?

Les modèles open source ont permis de démocratiser l’utilisation de la technologie. S’approprier un système généraliste contenant des milliards de paramètres est fastidieux pour une petite structure. Mais de nouveaux entrants pourraient tout à faire concevoir des outils simplifiés et orientés sur une tâche spécifique.

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