Dix ans en Suisse

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Paolo Corredig de T Rowe Price revient sur une décennie de présence en Suisse.

T Rowe Price fête sa dixième année en Suisse où la firme de gestion d’actifs américaine, née en 1937, ouvrait son bureau de Zurich en 2009 et affirme sa présence à Genève depuis 2014. Quelques questions à Paolo Corredig, directeur pour la Suisse. 

Malgré la taille des actifs sous gestion, le nom de T Rowe Price n’est devenu familier aux investisseurs européens et suisses qu’assez récemment. Pourquoi?

T Rowe Price est une vieille firme d’investissement américaine créée à Baltimore en 1937 et dont les actifs se montent aujourd’hui à plus de 1’000 milliards de dollars mais dont le nom ne s’impose dans l’esprit des investisseurs européens que depuis quelques années car son expansion internationale n’a vraiment démarré qu’au début des années 2000. Jusque-là, T Rowe Price était très centrée sur les Etats-Unis. 

«Le secret est d’aller au-delà des chiffres
et de comprendre le potentiel de chaque société.»
Comment définiriez-vous la stratégie d’investissement de votre groupe?

Par une philosophie de gestion active bottom-up misant sur la croissance des sociétés sur lesquelles nous nous positionnons. Le cœur de T Rowe Price, ce sont ses équipes de recherche basées à Baltimore, Londres, Hong Kong, Singapour, Tokyo et plus récemment à Sydney. Cette recherche, qui réunit plus de 600 analystes et gérants de portefeuille (sur un personnel de 7’000 collaborateurs), cultive une connaissance approfondie et un suivi sur le long terme de chacune des entreprises par des experts sectoriels. Le secret est d’aller au-delà des chiffres et de comprendre le potentiel de chaque société. Notre horizon n’est pas de court terme, c’est une vue à moyen et long terme. 

Cette approche a-t-elle eu un impact sur votre croissance?

Oui, un impact très important car, ce qui compte à nos yeux est l’expertise de notre personnel qui croît avec son expérience. Chez T Rowe Price, les experts restent longtemps – dix-sept ans en moyenne - et la croissance est organique. Les analystes forment le bassin de développement des gestionnaires de portefeuilles. En dix ans, l’ensemble des actifs sous gestion a quintuplé passant de 200 à 1’000 milliards de dollars, sans que cet essor soit le résultat d’une quelconque acquisition. Nous sommes très fidèles à notre style d’investissement et ne tenons pas particulièrement à diluer notre culture par des fusions successives. Même pendant les crises, la dernière en particulier, nous continuons à poursuivre le développement des ressources humaines. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, les firmes américaines peuvent être très conservatrices dans ce domaine. 

«Une stratégie ne doit pas découler d’une mode, d’un buzz.»
Votre offre couvre une très vaste gamme de produits. Comment lance-t-on un nouveau produit chez T Rowe Price?

Nous nous posons trois questions: la thématique apporte-t-elle un réel bénéfice dans les allocations de portefeuille? le thème va-t-il persister? sommes-nous capables de le gérer? C’est sur cette base que nous nous intéressons aux pays émergents depuis quarante ans et que nous avons lancé des stratégies de dette émergente corporate il y a dix ans. Une stratégie ne doit pas découler d’une mode, d’un buzz. Une grande partie de notre clientèle est constituée de fonds de pension et nous prenons très à cœur notre obligation de leur livrer la performance qui leur permettra de remplir leurs engagements c’est-à-dire de payer les retraites. 

Quelle est votre clientèle cible en Suisse?

Nous visons la clientèle institutionnelle – les fonds de pension, les assurances, les consultants -, mais aussi la distribution auprès des investisseurs privés, par le biais des banques privées et des gérants de fortune. La relation avec les grandes banques est gérée depuis Zurich où se font leurs choix stratégiques de produits mais la présence de Pierre-Alain Stehle à Genève est plus que justifiée par un besoin essentiel de proximité en Suisse romande. 

Et quels sont les produits phare?

En ce moment, en Suisse, la faveur va aux actions américaines, au crédit global et à l’equity japonaise. 

Quels projets pour votre équipe suisse de neuf personnes?

Grandir…. pour accompagner l’essor de la demande.