CREA, mode d’emploi d’une école privée

Anna Aznaour

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Comment ouvrir et faire éclore une école privée en marketing et communication. Explications de René Engelmann, fondateur et directeur de CREA.

Le meilleur moyen d’être à la page, c’est de savoir en ouvrir une au bon moment. Question de survie pour des écoles privées dont l’une, CREA INSEEC U., marque son 11e anniversaire en inaugurant, début 2019, deux nouveaux cycles certifiants dédiés à la blockchain et ses applications. «La révolution que cette technologie créera dans les prochaines années supplantera la métamorphose engendrée par Internet», affirme René Engelmann, fondateur et directeur de cet établissement genevois rencontré lors de CREA Digital Day, sa manifestation phare. Témoin et surtout acteur des évolutions dans le secteur de la communication, l’homme a toujours su anticiper. Comme avec la formation duale qu’il lance avant l’heure en 1996 à Polycom, sa première école de marketing, dont la direction a été reprise en 2008 par le SAWI.

Pourquoi cette foi dans la technologie de chaîne de bloc (blockchain)?

C’est un marché qui va évoluer très rapidement en bouleversant au passage les modes de transaction. Et ce n’est pas un hasard si les premiers aujourd’hui qui s’intéressent de très près à cette nouvelle technologie sont les banques, les assurances, les fiduciaires et le secteur immobilier. Ce public nouveau pour CREA a besoin d’informations. D’où notre initiative de lancer deux cycles certifiants, celui de blockchain en janvier et celui de blockchain finance en mars 2019, dispensés par Vincent Pignon, une référence dans le domaine. Nous l’avons choisi en raison de son parcours, car c’est aussi bien un chercheur universitaire qu’un homme d’affaires qui sait mettre des théories en pratique et vulgariser les concepts les plus techniques.

Dans les années 1990, il n’existait pas d’école à plein temps
pour étudier le marketing, la communication et les relations publiques.
En parlant de concept, celui de votre école CREA semble bien rodé. Est-ce grâce à Polycom?

Oui, très certainement. À 36 ans, j’ai créé l’école (Polycom) que j’aurais aimé faire à 18 ans. Il faut savoir que, dans les années 1990, il n’existait pas en Suisse d’école à plein temps pour étudier le marketing, la communication et les relations publiques. Au même titre qu’une formation qui regroupait ces trois domaines sœurs. Cette transversalité paraît normale aujourd’hui, de même que la formation duale – théorie à l’école avec stage en entreprise – ce qui n’était pas du tout le cas il y a vingt ans. Idem quant à l’usage des ordinateurs dans les écoles. Lorsque j’en ai acheté six pour nos étudiants, tout le monde me disait que j’étais fou…

Pourquoi avoir fondé CREA?

Encore une fois, en raison de l’évolution de la société. Polycom était spécialisée en communication mais avec une forte orientation commerciale. Tandis que CREA, toujours une école en marketing et communication est, elle, centrée, entre autres, sur les métiers créatifs, par exemple la direction artistique. Nous avons d’ailleurs étaient les précurseurs, en 2008, de la formation en marketing digital, grâce notamment à la collaboration avec Anthony Lamy, spécialiste du domaine à l’agence Saatchi à l’époque, et chez Facebook actuellement.

Les années 1990 étaient vraiment l’âge d’or de la communication,
car les agences s’occupaient de A à Z d’une campagne de publicité.
Quels étaient les défis bravés dans la création de ces deux écoles privées?

Pour Polycom, le défi était de trouver le financement auprès des sponsors pour démarrer l’école. Une tâche finalement pas trop difficile, puisque les années 1990 étaient vraiment l’âge d’or de la communication, car les agences s’occupaient de A à Z d’une campagne de publicité. Tandis que CREA a été fondée à une période où Internet et les réseaux sociaux ont fait éclater le pouvoir centralisé des agences de communication et par corolaire leurs finances. Là, le défi était surtout de construire de la crédibilité et de la notoriété pour ce nouvel établissement.

Comment l’avez-vous fait?

D’abord en choisissant des professionnels reconnus en tant qu’intervenants afin de construire une crédibilité pédagogique. Ensuite, comme chez Polycom, en soignant notre collaboration avec les entreprises pour avoir des places de stages, tous rémunérés, pour nos étudiants. Ces derniers, actuellement plus de 700, souhaitent non seulement se former à un métier mais également se faire un réseau pendant leurs études. C’est pourquoi nous les envoyons en voyages d’études à l’étranger, dans la Silicon Valley notamment, pour qu’ils étoffent leurs carnets de contacts. Concernant la notoriété de CREA, elle a été acquise, entre autres, grâce à l’organisation de deux grands événements annuels comme le CREA Digital Day et le CREA Luxury Day. Sans oublier notre présence dans les salons des étudiants en Suisse et à l’étranger.  

Quel est votre prochain défi?

C’est le lancement en septembre prochain de l’European Business School (EBS) à Genève. Et avant cela, le développement de notre école CREA à Lausanne, ainsi que la poursuite des pourparlers pour l’ouverture de sa filiale à Zurich.