Le Mozambique veut faire payer Credit Suisse

AWP

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Maputo réclame des dommages et intérêts suite au scandale de dette cachée qui a sérieusement fragilisé l’économie du pays.

Le Mozambique veut obtenir des dommages et intérêts de la part du géant bancaire Credit Suisse. Il entend se faire dédommager des pertes subies dans le cadre d’un vaste scandale de dette cachée, a déclaré le ministre de la Justice vendredi.

Le gouvernement a lancé mercredi des poursuites à Londres contre Credit Suisse, le groupe de construction navale Privinvest et trois individus, accusés de fraude sur des emprunts s’élevant à 2 milliards de dollars (environ la même somme en francs), qui ont gravement fragilisé l’économie du pays.

Le Mozambique demande «des dommages et intérêts justes pour le dédommager de la fraude subie qui s’est traduite notamment par une entente malveillante, des pots-de-vin, des représentations fausses et des tromperies». Il exige aussi l’annulation de garanties étatiques qualifiées d’illégales, qui ont été associées à ces prêts.

Grave crise

Le pays est plongé depuis 2016 dans une grave crise provoquée par la découverte de cette dette massive que son gouvernement avait cachée. Ses bailleurs de fonds l’ont sanctionné en gelant leur aide budgétaire.

Entre 2012 et 2014, trois entreprises à capitaux publics liées aux services secrets et au ministère de la Défense mozambicains ont emprunté secrètement auprès de banques étrangères - dont Credit Suisse - quelque 2 milliards de dollars pour acheter du matériel de surveillance maritime et des navires militaires.

Un audit indépendant a découvert qu’un quart des fonds empruntés ont été détournés, et n’ont pas été retrouvés. D’après les Etats-Unis, au moins 200 millions de dollars ont été dépensés en pots-de-vins, y compris 12 millions touchés par l’ex-ministre des finances Manuel Chang, qui aurait validé les garanties de dette.

M. Chang a été arrêté l’an dernier à Johannesburg sur une demande d’extradition des Etats-Unis.

Sept personnes arrêtées

Sept personnes proches de l’ex-président du Mozambique Armando Guebuza ont été arrêtées le mois dernier, dont son fils ainé Ndambi Guebuza, accusé d’avoir reçu illégalement près de 10 millions de dollars de commission.

Le département américain de la Justice a par ailleurs accusé trois anciens employés de Credit Suisse d’avoir aidé à monter ce projet maritime de deux milliards de dollars comme couverture pour cette fraude.

Ils ont été arrêtés à Londres début janvier et leur demande d’extradition aux Etats-Unis doit être examinée par la justice londonienne le 8 mars prochain.

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