HSBC Suisse: départ du CEO Franco Morra

AWP

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Le banquier suisse quittera son poste le 27 avril afin de relever de nouveaux défis. Le groupe britannique regroupe parallèlement ses unités européennes.

HSBC Private Bank (Suisse), filiale helvétique du groupe britannique HSBC, enregistre le départ de son directeur général Franco Morra. Le banquier suisse quittera son poste le 27 avril afin de relever de nouveaux défis, affirme-t-il dans une note interne obtenue par AWP. Il était à la tête de la banque privée genevoise depuis 2012.

L’établissement sera géré à titre intérimaire par Christophe Guillemot, directeur financier de la division banque privée de HSBC. Un successeur pour Franco Morra sera nommé prochainement.

«J’ai désormais accompli la mission que le groupe m’avait confiée en 2010, réduire les risques et repositionner stratégiquement la banque privée suisse», explique notamment M. Morra dans la note. HSBC Suisse repose désormais sur des bases solides pour assurer une croissance profitable, selon lui.

Sollicitée par AWP, la banque a confirmé le contenu du document, sans le commenter.

La filiale helvétique a adopté en 2010 une nouvelle stratégie, qui a abouti à une réduction de l’activité à quelque 20 marchés clés, contre 150 auparavant. En 2015, elle avait annoncé la suppression de 260 postes de travail, principalement dans le back office à Genève.

HSBC Suisse vise désormais des clients originaires du Moyen-Orient, d’Europe et de Suisse souhaitant investir au moins 5 millions de dollars avec la banque.

Cette dernière a également poussé vers la sortie les clients douteux. Le nombre de comptes a fondu de plus de 70% depuis 2007. La masse sous gestion est passée de quelque 118 milliards de dollars (113 milliards de francs) à environ 50 milliards aujourd’hui.

FACE À LA TEMPÊTE SWISSLEAKS

Le repositionnement stratégique figure parmi les accomplissements énumérés par Franco Morra. La liquidation des problèmes hérités du passé, le renforcement du contrôle du risque et l’implémentation d’une plateforme informatique autour du système Avaloq sont également cités dans la note.

La banque a traversé de fortes turbulence suite à la révélation en février 2015 par plusieurs médias du système de fraude fiscale et de blanchiment d’argent organisé depuis la filiale helvétique.

Ces fuites, communément appelées «Swissleaks», ont pour origine le vol de données en 2006-2007 par l’ex-informaticien Hervé Falciani, condamné en 2015 à cinq ans de prison le Tribunal pénal fédéral. La «liste Falciani» avait permis d’identifier 127’000 comptes appartenant à 79’000 personnes de 180 nationalités.

Franco Morra est arrivé au sein de la banque en 2010, après la soustraction de données, mais a dû affronter la tempête en tant que CEO.

En novembre dernier, l’établissement genevois a réglé une amende de 300 millions d’euros (365 millions de francs) au Trésor français, afin de clore l’un des volets de l’affaire. Deux anciens dirigeants de la banque privée font toujours l’objet de poursuites pénales dans l’Hexagone.

D’autres pays comme l’Espagne, les Etats-Unis, la Belgique, l’Inde et l’Argentine mènent des procédures contre la filiale helvétique pour évasion ou fraude fiscale, blanchiment d’argent et démarchage illicite de clients.

Ce scandale a encore pesé sur les résultats d’HSBC Suisse l’année dernière. L’établissement a dû constituer des provisions destinées à couvrir d’éventuelles amendes réclamées par des juridictions étrangères. La banque a subi une perte avant impôts de 184 millions de dollars, contre -491 millions en 2016.

HSBC Private Bank (Suisse) emploie plus de 1300 personnes sur deux sites, à Genève et Zurich.

Réorganisation au niveau européen

Le groupe bancaire britannique annonce par ailleurs le regroupement de toutes ses unités européennes de banque privée sous une même structure régionale, appelée HSBC Global Private Banking EMEA et basée à Londres. Cela concerne la Suisse, mais également la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Luxembourg et les Iles Anglo-Normandes.

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