EFG International: mauvaise surprise des sorties d’argent

AWP

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Le gestionnaire de fortune a enregistré des reflux plus importants que prévu en 2017. Exercice de transition, selon le CEO Giorgio Pradelli.

Le gestionnaire de fortune EFG International a poursuivi son chemin de croix en 2017. L’intégration de BSI a lourdement pesé sur la performance, malgré des synergies déployant leurs effets plus rapidement que prévu. Le groupe zurichois a plongé dans le chiffres rouges et n’a pas pu endiguer la sortie de capitaux. La voie de la rédemption semble proche, assurent toutefois les analystes.

La banque privée a publié mercredi un bilan 2017 à deux visages, l’un terni par BSI et l’autre bien plus encourageant. Le directeur général (CEO) Giorgio Pradelli a évoqué pour sa part une «année de la transformation».

Le premier volet repose sur des chiffres non ajustés. L’intégration de la banque tessinoise BSI, terminée en avril dernier, a pesé très lourdement sur les résultats du groupe. Les coûts inhérents à ce processus ont atteint 134,1 millions de francs, ce à quoi il faut ajouter un amortissement intangible de quelque 6 millions de francs.

La banque n’a pas réussi à se maintenir à flot. Elle accuse une perte nette attribuable aux actionnaires de 59,8 millions de francs, contre un bénéfice de 225,3 millions l’année précédente. Malgré cette contreperformance, le conseil d’administration propose de maintenir le dividende à 0,25 franc par action.

La direction a pointé du doigt les lourdeurs liées à l’intégration, mais également d’autres boulets qu’elle traîne derrière elle. La revalorisation de polices d’assurance-vie a causé un dommage de 68,5 millions de francs. Le gestionnaire zurichois a comptabilisé une charge exceptionnelle de 15,8 millions après une décision de justice défavorable à Taïwan.

La barque EFG n’a pas réussi à colmater les trous qui lui font perdre des actifs clientèle suite à la reprise de BSI. Les reflux nets d’argent ont atteint 5,9 milliards de francs l’année dernière, dont 8,2 milliards en lien avec la banque tessinoise. La masse sous gestion génératrice de recettes a légèrement augmenté, à 142,0 milliards. En 2016, les sorties nettes avaient atteint 5,4 milliards.

PLONGEON DE L’ACTION

Les investisseurs ne semblaient que retenir cette version peu reluisante des chiffres, créant un vent de panique à la Bourse suisse. Vers 13h55, le titre EFG dévissait de 10,8% à 8,79 francs, proche de son plus bas du jour de 8,72 francs. Le volume d’échanges était largement supérieur à deux fois la moyenne journalière. L’indice du marché élargi SPI se repliait de 0,77%.

En règle générale, les chiffres présentés par la banque sont mitigés. Certains indicateurs répondent ou dépassent aux attentes du consensus AWP, d’autres pas.

Le bénéfice net ajusté des éléments non-récurrents figure parmi les bonnes surprises. Il a été multiplié par deux à 165,0 millions. Cet indicateur représente l’autre visage du bilan 2017 d’EFG. Pour les analystes d’UBS, le groupe pourrait avoir atteint un moment charnière. L’année 2018 pourrait ainsi être la première «normale» depuis l’acquisition de BSI, à fin 2016.

Les synergies, qui produisent des effets plus rapides qu’escompté, figurent également au rang des bonnes nouvelles. L’intégration de BSI a permis des économies cumulées de 108 millions de francs à fin 2017, alors que la direction tablait initialement sur 50 millions, sur un total de 240 millions à fin 2019.

L’amélioration de la marge brute ajustée est également considérée par certains analystes comme un signe de la rémission d’EFG. Celle ci a pris 3 points de base à 87 pb.

Le recrutement de conseillers à la clientèle demeure une priorité stratégique pour la banque, afin d’attirer des capitaux. Cet effort a subi toutefois un coup d’arrêt l’année dernière, avec un recul à 644 personnes, contre 697 à fin 2016. Cette contraction s’explique par l’intégration de BSI et des efforts d’efficience, explique le communiqué.

Après l’année de transformation, 2018 sera l’exercice de «l’optimisation» a lancé en conférence de presse le CEO. Cela n’empêchera pas de nouveaux reflux d’argents liés à BSI.

Pour l’exercice en cours, EFG va se concentrer sur la croissance et une base coûts amincie. Les objectifs stratégiques 2019 sont reconduits. Le groupe vise une croissance de la masse sous gestion générant des revenus de 3-6% en moyenne par année. L’objectif de marge brute est d’au moins 85 points de base.