Deutsche Bank doit divulguer au Congrès US ses relations avec Trump

AWP

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Les députés américains, menés par les démocrates, veulent faire la lumière sur de possibles liens financiers entre le président américain et des Russes.

Deutsche Bank est sous pression des démocrates, qui contrôlent la Chambre des représentants des Etats-Unis depuis janvier, pour faire la lumière sur ses relations d’affaires avec Donald Trump et sur de possibles liens financiers entre le président américain et des Russes.

Le groupe allemand est l’une des seules grandes banques occidentales à avoir continué à prêter de l’argent à l’empire de M. Trump après la mise en faillite de plusieurs de ses casinos dans les années 1990, aboutissant à des créances aujourd’hui évaluées à 330 millions de dollars.

La commission des Affaires financières et celle des Renseignements de la chambre basse, présidées respectivement par les démocrates Maxine Waters et Adam Schiff, ont adressé des demandes d’informations à Deutsche Bank dans le cadre de leurs enquêtes sur les finances du milliardaire, a indiqué jeudi à l’AFP une porte-parole de la banque.

Elle a refusé de dire si cette demande était une injonction (subpoena), auquel cas Deutsche Bank doit s’y plier sous peine de sanctions.

La porte-parole n’a pas non plus donné le périmètre de la requête, se contentant de dire que Deutsche Bank allait «fournir les informations appropriées à toutes les enquêtes dûment autorisées».

Selon une source proche du dossier, les élus veulent notamment savoir si Deutsche Bank a accordé des lignes de crédit à des taux d’intérêt favorables à la Trump Organization, holding chapeautant les actifs du magnat de l’immobilier et dont les rênes sont tenues par ses fils Eric et Donald Trump Jr depuis son entrée à la Maison Blanche.

Ils veulent également obtenir des détails sur les protagonistes d’une vaste affaire de blanchiment d’argent russe qui a valu à Deutsche Bank une amende de 630 millions de dollars en janvier 2017 aux Etats-Unis.

Les soupçons de collusion avec la Russie empoisonnent le mandat de Donald Trump, dont des proches collaborateurs ont déjà été mis en cause par le procureur spécial Robert Mueller chargé d’enquêter sur cette affaire.

L’établissement allemand dit mener actuellement un «dialogue fructueux avec les deux commissions pour déterminer le meilleur moyen de les aider dans leurs fonctions de surveillance» de la banque.

«Les commissions des Services financiers et des Renseignements sont en discussions fructueuses avec Deutsche Bank, et espèrent que cette coopération va se poursuivre», ont déclaré Maxine Waters et Adam Schiff, dans une déclaration transmise à l’AFP.

Les deux commissions envisagent de mener une enquête en commun sur les relations d’affaires entre la banque allemande et le président américain, a affirmé mercredi le site d’informations Politico.

Enquêtes pour blanchiment

En mai 2017, des élus démocrates avaient déjà demandé à la firme allemande de leur remettre des documents sur ses liens financiers avec la famille Trump, pour voir notamment s’il y avait un lien avec la Russie, mais l’établissement avait refusé en affirmant qu’il serait illégal de partager de telles informations.

Ils voulaient obtenir les conclusions d’un audit interne de la banque sur les prêts accordés à Donald Trump quand il était à la tête de son empire immobilier, afin de détecter d’éventuelles ramifications russes.

L’inquiétude des élus vient de l’implication répétée de la banque dans des opérations financières illégales associant des Russes.

Outre l’amende de 630 millions de dollars, Deutsche Bank a également écopé en 2017 d’une autre pénalité financière de 41 millions de dollars de la part de la Réserve fédérale pour ses lacunes dans la lutte contre le blanchiment d’argent.

La demande d’informations des parlementaires tombe au mauvais moment pour la firme allemande, qui fait actuellement l’objet dans son pays d’origine d’une enquête pénale pour blanchiment d’argent au travers d’une de ses filiales basée dans un paradis fiscal.

Selon Bloomberg News, la Réserve fédérale enquête aussi sur des transactions suspectes portant sur des milliards de dollars entre une filiale de la banque danoise Danske Bank en Estonie et Deutsche Bank.

En l’espèce, il est reproché à l’établissement danois d’avoir utilisé sa petite filiale estonienne pour faire transiter, de 2007 à 2015, quelque 200 milliards d’euros via les comptes de clients ne résidant pas en Estonie.

En novembre, Deutsche Bank avait reconnu qu’une relation d’affaires avait bien existé entre les deux institutions financières et a confirmé à l’AFP mercredi avoir «reçu plusieurs demandes d’informations de la part d’autorités et de forces de l’ordre du monde entier» sur cette affaire.

L’établissement assure coopérer.

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