BancaStato passe la barre du milliard de fonds propres

AWP

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Le produit net d’exploitation de la Banque cantonale du Tessin, dirigée par Fabrizio Cieslakiewicz, s’est étoffé de 1,9% malgré la contraction de 2,3% des opérations d’intérêts.

La Banque cantonale du Tessin (BancaStato) a bouclé l’exercice 2017 en hausse sur presque tous les fronts. Avec une somme de bilan dépassant les 12,5 milliards de francs, la banque prépare d’ores et déjà son passage dans la catégorie Finma supérieure, avec à la clé de nouvelles exigences réglementaires. Toutefois, l’évolution démographique et l’entrée en lice de nouveaux acteurs pourrait venir troubler le tableau.

Le produit net d’exploitation s’est étoffé de 1,9% à 181,5 millions de francs, malgré la contraction de 2,3% des opérations d’intérêts, qui représentent plus de deux tiers des revenus de la banque. Les recettes issues des opérations de commissions et services ont bondi de 9,8% à 29,1 millions et celles des activités de négoce de 10,7% à 14,7 millions.

Les charges d’exploitation se sont établies 101,9 millions (+4,8%). Le ratio coûts/revenus s’est détérioré de 1,5 point à 56,1%, précise BancaStato vendredi dans un communiqué.

Le résultat opérationnel est ressorti en hausse de 4,4% à 72,0 millions, ce qui a permis d’étoffer de 26,1 millions supplémentaires les réserves pour risques bancaires généraux. Les fonds propres ont ainsi franchi la barre symbolique du milliard.

Malgré l’augmentation des réserves, l’établissement boucle l’exercice sous revue avec un bénéfice net en hausse de 2,1% à 48,1 millions, dont le canton touchera près de 36,1 millions (+1,8%) sous forme de dividende.

Au bilan, les crédits à la clientèle ont crû de 6,3% et dépassent désormais les 10 milliards de francs, dont 8,83 milliards (+7,4%) de créances hypothécaires, dont le portefeuille est constitué pour près de trois quarts d’immobilier d’habitation. Les obligations envers la clientèle ont augmenté de 6,0% à 7,98 milliards.

CHANGEMENT DE CATÉGORIE EN VUE

Depuis 2007, l’établissement a vu la somme de son bilan bondir de trois quarts, pour s’établir à 12,61 milliards au dernier bouclement. Celle-ci se rapproche désormais des 15 milliards, a signalé son nouveau directeur général (CEO) Fabrizio Cieslakiewicz à Bellinzone lors de la conférence de bilan.

Le franchissement de ce seuil signifiera pour la banque le passage à la catégorie 3 dans la classification établie par l’autorité de tutelle des banques (Finma), avec à la clé, de nouvelles exigences en termes de gestion des risques et de publication.

M. Cieslakiewicz n’a pas souhaité s’avancer sur un calendrier, mais a laissé entendre qu’au vu de l’évolution actuelle, le seuil des 15 milliards pourrait être atteint d’ici 7-8 ans. «La Finma nous a déjà contactés ces derniers jours pour nous demander comment nous nous préparons au niveau de la capitalisation et de l’organisation».

Revenant sur l’exercice écoulé, il s’est réjoui de l’évolution des fonds propres de la banque, qui ont atteint 1,03 milliard (+10,7%). «Cette augmentation nous permet de garantir la solidité financière exigée par le régulateur». Le ratio de fonds propres durs (CET1) s’est établi à 13,9%, après 12,9%.

Bernardino Bulla, qui a quitté la direction de l’établissement pour en reprendre la présidence l’été dernier, a rappelé que si les créances hypothécaires ont atteint un nouveau record, les risques doivent être suivis de près.

Evoquant les chantiers importants en cours de réalisation dans le canton italophone, il a pointé du doigt l’évolution démographique et l’érosion du solde migratoire, posant la question suivante: «tous ces immeubles qui seront construits d’ici deux ans, par qui seront-ils habités?».

«PAS UN GÂTEAU»

Toujours au chapitre des risques, il a signalé l’irruption sur le marché d’acteurs inédits dans le secteur bancaire, à la faveur de la numérisation. Et de citer l’apparition de nouvelles solutions de paiement de type Apple Pay «pas un gâteau contrairement à ce que laisse supposer son nom», a plaisanté l’ex-CEO. Plus sérieux, il a souligné que ce type de concurrence disposait d’une avance technologique que les banques doivent désormais combler.

BancaStato a vu sa masse sous gestion (AuM) s’enrober de 0,93 milliard de francs à 11,25 milliards (+9,0%). Le flux d’argent nouveau (NNM) en revanche s’est tari de près de moitié (-41,8%) à 559 millions, dont 450 millions en liquide, le reste en titres, a précisé le CEO, attribuant l’importance du recul essentiellement à un effet de base, 2016 ayant profité notamment des reflux de BSI.

Axion Swiss Bank, la filiale de l’établissement cantonal spécialisée dans la gestion de fortune, a également enregistré une croissance considérable, dopée par la consolidation dans ses comptes des actifs rachetés à Société Générale Private Banking l’année précédente.

Les AuM ont bondi de 10,2% à 4,38 milliards, dont 87,3 millions de capitaux frais. Le produit d’exploitation affiche une hausse de 19,6% à 31,1 millions, et le bénéfice net est ressorti à 2,3 millions, contre 2,0 millions un an plus tôt.

La direction de BancaStato n’a pas formulé d’objectifs ou fourni d’indication sur la marche des affaires pour l’exercice en cours.

 

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