Bâloise enterre son projet blockchain

AWP

1 minute de lecture

Bâloise, dirigée par Michael Müller, a mis fin à son projet basé sur la technologie blockchain qu'il comptait utiliser dans la prévoyance professionnelle. Les coûts qui y sont liés en sont la cause.

Bâloise a mis fin à son projet basé sur la technologie blockchain que l’assureur comptait utiliser dans la prévoyance professionnelle. Malgré certains avantages bien avérés, les coûts qui y sont liés ont amené le groupe bâlois à jeter l’éponge.

«Les coûts de transaction ont augmenté de manière drastique au niveau de la blockchain publique que nous voulions utiliser. Au début, ils étaient seulement à 5% du prix actuel», ont expliqué à AWP des responsables du projet.

La blockchain, ou la chaîne de blocs, peut être définie comme un grand registre global permettant de stocker et transmettre des données entre différents intervenants. Cette technologie, comparée par les plus optimistes à l’avènement d’internet, aurait le potentiel de rendre le système notamment financier plus efficace et moins complexe.

La blockchain - une forme de numérisation de données - peut être appliquée à des secteurs très divers comme la santé ou utilisée par des gouvernements pour la gestion de registres publics. Cette chaîne de blocs est la technologie sur laquelle se base la cryptomonnaie bitcoin.

Bâloise, qui depuis 2016 mise sur les technologies innovatrices, visait via ce projet l’échange d’informations liées au transfert de prestations de libre passage avec d’autres instituts de prévoyance, grâce à un «smart contract», un programme autonome qui exécute automatiquement des conditions définies au préalable.

Chaque année 25’000 clients rejoignent en effet l’assureur et presque autant le quittent, soit parce qu’ils changent d’employeur ou parce qu’une entreprise et ses collaborateurs adhèrent à Bâloise.

Gain de temps et opérationnel

«La numérisation de ce processus nous aurait notamment permis d’économiser beaucoup de temps. On serait passé de deux jours à 30 minutes», ont mis en exergue ces responsables. Le groupe bâlois aurait aussi pu éviter certaines erreurs, les différentes étapes dans le transfert de prestation étant effectuées manuellement pour le moment et les informations envoyées par courrier.

Ce projet, s’appuyant sur une chaîne de blocs Ethereum, aurait uniquement servi à échanger des données, mais pas les actifs, ont tenu à souligner les initiateurs du projet. «Il s’agissait d’une simple opération comptable», ont-il relevé.

Malgré cet échec, Bâloise n’exclut pas d’y avoir recours si les coûts de transaction venaient à diminuer à l’avenir. Les spécialistes de l’assureur restent convaincus que les entreprises utilisant cette technologie pourront certainement se démarquer de leurs concurrents dans les quatre à cinq ans à venir.

«Nous sommes dans la phase initiale de la compréhension du potentiel de la blockchain et les quelques entreprises qui s’y intéressent travaillent surtout sur des prototypes», a expliqué à AWP Jan Seffinga, partenaire à Deloitte Suisse chapeautant les activités blockchain pour le cabinet d’audit et de conseil. Outre les coûts, les défis régulatoires et sociaux constituent également des obstacles à franchir avant que cette innovation soit adoptée à grande échelle.

En Suisse, les banques et les compagnies d’assurances sont les sociétés les plus actives dans ce secteur. Elles tentent de développer des applications à partir de cette technologie qui pourrait les aider à devenir plus efficient au niveau opérationnel.

A lire aussi...