Actions européennes: une lumière à l'horizon

Mark Denham, Carmignac

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Les signes indiquant que la BCE pourrait commencer à réduire ses taux avant la Fed devraient permettre aux volumes de ventes et aux bénéfices des entreprises d’augmenter.

Avant 2008, le marché européen des actions présentait une forte corrélation avec son homologue américain. Mais, en raison de la crise financière mondiale, la crise de la dette souveraine et un environnement macroéconomique difficile, l'Europe a commencé à s’essouffler. Les marchés ont divergé, les Etats-Unis étant toujours plus performants.

La concentration sectorielle en Europe n'a pas aidé. Le marché a été tiré par les banques, l'énergie et les valeurs industrielles qui ont souffert de l'environnement de taux bas ou nuls. En revanche, les géants américains de la technologie à forte croissance ont gagné en importance dans les indices et ont capté davantage de capitaux de la part des investisseurs. Dans un monde post-COVID, la guerre en Ukraine a également eu un effet plus important sur les actions européennes.

Le contexte d'investissement a également pénalisé l'Europe, avec une participation beaucoup plus importante des investisseurs individuels aux Etats-Unis. En 2022, les investisseurs individuels ne représentaient que 5 à 7% du marché global en Europe, contre 25% aux Etats-Unis1. Cette situation s'explique par le faible niveau de revenu disponible des Européens, la nature des régimes de retraite individuels américains et la fragmentation des marchés européens, qui se traduit par une préférence pour le pays d'origine chez les investisseurs européens. Enfin, le marché des ETF, qui a été à l'origine des flux des particuliers aux Etats-Unis, est encore très institutionnel en Europe. Mais le marché évolue et la représentation des investisseurs individuels en Europe augmente.

La force de l'Europe réside dans sa plus grande diversification sectorielle par rapport aux autres grands marchés développés et émergents. Cela permet d'atténuer les risques.

Malgré ces défis, les entreprises européennes restent un élément très important de l'économie mondiale. Elles réalisent environ 60% de leur chiffre d'affaires à l'étranger, contre environ 30% pour les entreprises américaines2. De plus, lorsque les taux d'intérêt commenceront à baisser et que les marchés émergents se redresseront, nous nous attendons que l'Europe en soit un bénéficiaire évident.

L'opportunité sous-évaluée

Malgré la récente reprise des actions européennes, leur valorisation reste nettement inférieure à celle des actions américaines et se situe à des niveaux historiquement bas.


Source: Carmignac, Bloomberg. Données au 31/03/2024

 


Aux Etats-Unis, les dernières données économiques montrent que l'inflation reste tenace grâce à une croissance continue, à la création d'emplois et à la résilience de l'économie américaine. Toutefois, en Europe, la situation est en train de changer. L'inflation diminue et les taux de chômage augmentent. Les signes indiquant que la Banque centrale européenne (BCE) pourrait commencer à réduire ses taux avant la Fed (Reserve fédérale), et dans une plus large mesure, devraient permettre aux volumes de ventes et aux bénéfices des entreprises d’augmenter, ce qui soutiendrait par la suite les cours des actions.

La dynamique des PMI (Purchasing Managers’ Index) s'améliore également dans la zone euro par rapport aux Etats-Unis, après la baisse de l'année dernière. Les enquêtes PMI sur les services, qui donnent un aperçu de l'activité future, indiquent que la plupart des grandes économies européennes connaissent une croissance et montrent des signes d'amélioration. Bien que les indices PMI de l'industrie manufacturière indiquent toujours une contraction, il y a des indications d'une reprise potentielle du cycle des inventaires et d'une amélioration du sentiment économique allemand. Cette amélioration serait accentuée par la baisse de l'inflation, qui se traduirait par une diminution du coût de la production.

La diversification sectorielle atténue les risques

Bien que la concentration sectorielle aux Etats-Unis ait certainement servi à soutenir les marchés des actions après la crise financière mondiale, elle constitue également un risque à mesure que l'environnement économique évolue. Sur le Vieux Continent, la concentration de la représentation des actions dans les indices est plus équilibrée entre les secteurs. La force de l'Europe réside dans sa plus grande diversification sectorielle par rapport aux autres grands marchés développés et émergents. Cela permet d'atténuer les risques.

L'analyse des facteurs de performance du Stoxx 600 et du S&P500 au cours de l'année écoulée montre qu'aux Etats-Unis, les dix plus grandes entreprises, parmi lesquelles figurent les «Magnificent 7», ont été les principaux contributeurs aux rendements. En Europe, en revanche, nous observons une distribution plus large des rendements, ce qui indique un marché plus diversifié et moins concentré.


Source: Carmignac, Bloomberg. Données au 31/03/2024

 


Il est possible qu'en raison du risque de valorisation de ces grands gagnants, nous commençons à observer un retour des flux vers les actions européennes. L'enquête sur les gérants de fonds menée par Bank of America3, montre que les gérants de fonds du monde entier ont augmenté leur allocation aux actions de la zone euro plus que toute autre classe d'actifs en mars et que cette tendance s'est poursuivie en avril. A l'inverse, l'enquête a révélé que la plus forte réduction des allocations a été observée dans les actions américaines. Cette rotation suggère que les investisseurs sont de plus en plus convaincus que l'Europe peut offrir des rendements élevés.

Choisir avec discernement

L'Europe offre un terrain fertile pour les investisseurs, avec de nombreuses entreprises de premier plan dans divers secteurs. Néanmoins, des nombreux vents contraires macro et microéconomiques potentiels se profilent à l'horizon, ainsi, nous restons prudents quant à l'impact potentiel de données économiques et d'entreprises plus faibles. Nous préférons donc nous concentrer sur les entreprises individuelles. Pour détecter ces opportunités, nous privilégions une approche fondamentale sur les entreprises de qualité et de croissance qui affichent une rentabilité à long terme élevée et qui réinvestissent leurs bénéfices.

 


1 Source: Vanda Research, 2022
2 Goldman Sachs Research, 2023
3 Source: Bank of America, Global Fund Manager Survey, mars et avril 2024

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