Gonet: l'actualité des marchés au 2 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow +0,23%, S&P 500 -0,34%, Nasdaq -0,33%, Russell +0,32%, SOX -3,54%, Eurostoxx fermé, SMI fermé.

Le joli mois de mai succède à un affreux mois d’avril tout pourri, que l’on s’empressera d’oublier dans les chaumières financières. Hasard du calendrier, c’est un 1er mai que la Fed annonce sa décision sur les taux d’intérêts, elle n’a que faire de la journée du travail célébrée un peu partout ailleurs, aux Etats-Unis on fête ça un autre jour. Les parquets de trading sont clairsemés, seules Copenhague et Londres sont ouvertes sur le vieux continent, où il ne se passe donc pas grand-chose tandis que l’on attend sagement le discours de Jerome Powell dans les salles de marchés, prévu pour 20h heure de Collonge-Bellerive.

C’est sans surprise que la Réserve Fédérale des Etats-Unis maintient ses taux directeurs inchangés (5,25% - 5,50%). On n’y prête guère attention, seuls les mots de Jerome Powell comptent, le marché veut en savoir plus quant à la politique monétaire de la Fed, tout est devenu un peu flou, la faute à cette satanée inflation qui refuse mordicus de rendre les armes. Le premier banquier du monde concède un récent revers dans la lutte contre l’inflation et ajoute que la barre pour réduire les taux d’intérêt a été relevée, mais que celle pour les relever est encore plus haute. «Il faudra probablement plus de temps pour que nous soyons convaincus que nous sommes sur la voie d’une baisse durable de l’inflation», déclare M. Powell. Il ajoute qu’il s’attend à ce que l’inflation reprenne son déclin cette année, mais confesse que «ma confiance en cela est plus faible qu’elle ne l’était». Dans le même temps, il précise que pour que les autorités remettent les hausses de taux sur la table, il leur faudra des preuves convaincantes que des taux d’intérêt plus élevés ne font pas baisser l’inflation. «Ce n’est pas ce que nous pensons voir», précise-t-il.

Que conclure de ce discours? Dans un premier temps il est plutôt rassurant de constater que la Fed ne réagit pas de manière excessive aux récentes données sur l’inflation. Le bateau semble bien barré, le marché a besoin de sentir qu’il y a un solide maître à bord. En parallèle, aucune surprise majeure n’émerge du discours d’hier soir, là encore un point rassurant, Jerome Powell nous indique clairement que la politique monétaire actuelle de la Fed est suffisamment stricte pour combattre l’inflation, il n’exclut pas définitivement une hausse de taux mais passe le message au marché que les probabilités du prochain mouvement à la baisse sont supérieures.

Le marché des actions, qui comprend vite mais à qui il faut parfois expliquer longtemps, commence par tomber dans un superbe «bull trap», un joli piège à taureaux, les indices d’actions US décollent, le S&P500 (SPX) passe de 5023 points à 5096 points en une heure, pour rendre tous les gains dans les 30 dernières minutes de trading et clôturer en léger repli sur la journée, à 5018 points. Réaction plus mature sur le front obligataire, où le rendement du 10 ans recule à 4,58%, plus tôt dans la journée il évoluait à 4,69%, pour se stabiliser ce matin à 4,61%. C’est probablement là que tout réside, le fait que les rendements aient reculé après le discours indique une certaine forme de détente dans le marché au sujet de la politique monétaire de la Fed, il nous dit aussi que les intervenants en étaient majoritairement venus à intégrer l’idée d’une reprise potentielle de hausses de taux. Le 2 ans US repasse en-dessous de 5%, il traite actuellement à 4,95%, l’évolution de ces taux, couplée aux résultats trimestriels de sociétés, va probablement donner le la aux actions ces prochains temps.

Le podium du jour du SPX se compose des utilities, des services de communication et des materials. Les 7 magnifiques sont recherchés, notamment Amazon qui progresse de plus de 2% après ses résultats. On notera la faiblesse des semi-conducteurs, pénalisés par Advanced Micro Devices (AMD), qui chute de près de 10% après ses trimestriels. La volatilité recule un chouia, le dollar également, la paire EUR/USD traite à 1,0723. L’or en profite pour repasser au-dessus des 2300 dollars l’once, tandis que le pétrole casse les 80 dollars le baril de WTI Light Crude à la baisse. Du côté positif, le géant pharmaceutique Pfizer gagne 6,1% après que ses bénéfices du premier trimestre ont dépassé les estimations des analystes, en partie grâce aux signes de résilience des ventes du traitement Covid-19, le Paxlovid.  Mastercard recule de 2%, le chiffre d’affaires est un peu faible, mais les dépenses des consommateurs pour les cartes résistent.

Le yen recule dans les échanges asiatiques après avoir grimpé de plus de 3% au cours de la dernière heure de négociation à New York, alimentant les spéculations sur une nouvelle intervention de la Banque du Japon. Le principal responsable de la politique monétaire japonais se refuse à tout commentaire.

Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite se rapprochent d’un pacte historique qui offrirait au royaume des garanties de sécurité et ouvrirait la voie à des relations diplomatiques avec Israël si Tel-Aviv mettait fin à la guerre dans la bande de Gaza, selon l’agence Bloomberg.

Au menu macro-économique du jour, nous suivrons notamment les PMI manufacturiers des grandes économies. Aux Etats-Unis les chiffres des licenciements de Challenger (13h30), les nouvelles demandes d’allocations-chômage, la productivité hors agriculture, la balance commerciale et le coût unitaire de la main-d’œuvre (14h30) précèderont les commandes de biens durables (16h00). 

eBay perd 3% hors séance après ses trimestriels. ING annonce un bénéfice en recul au premier trimestre et un nouveau rachat d’actions. Novo Nordisk relève ses perspectives, le bénéfice du premier trimestre dépasse les prévisions. Qualcomm perd 4% hors séance après ses trimestriels. Standard Chartered publie un bénéfice du premier trimestre en hausse de 5,5% et dépasse les estimations. Johnson & Johnson prêt à payer 6,5 milliards de dollars pour clore les poursuites dans l’affaire du talc. Embraer étudie un nouvel avion monocouloir pour concurrencer Boeing et Airbus. Microsoft va investir 2,2 milliards de dollars dans des services de cloud et d’IA en Malaisie. Elon Musk licencie toute l’équipe des superchargeurs de Tesla.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo égare 0,10% à la cloche, Hong Kong bondit de 2,42%, Shanghai est fermée, Séoul perd 0,31% et le Nifty50 avance de 0,34%. Le future SPX récupère 22 points et l’Europe ouvre en repli de 0,5%. Gardez un œil sur les chocolatiers, la cacao chute de 10% ce matin.

Et ce soir après la clôture du NYSE ce sera le tour d’Apple de publier ses trimestriels, un moment important de la saison des résultats.

J’allais oublier, il semble que quelqu’un ait éteint le chauffage à Miami…the Heat is off, go Cs!

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